top of page

REGARD FÉMININ SUR LE SURRÉALISME ET LA SCHIZOPHRÉNIE 

#TAKEHEART RESIDENCE 

Soutenu par le Fonds Darstellende Künste avec des fonds du Commissaire du gouvernement fédéral pour la culture et les médias dans le cadre de NEUSTART KULTUR.

Résidences TAKEHEART hébergées par Tanzhaus NRW Düsseldorf.

Toyen _sad days_ 1942.jpg
Toyen "Sad Days" 1942

“Pour moi, la folie, était comme un pays - opposé à la réalité - où régnait une lumière implacable, qui ne laisse aucune place pour l’ombre et qui nous aveugle. C’était une immensité sans borne, illimitée, plate, plate - un pays minéral, lunaire, froid, comme les steppes du pôle Nord. Dans cette étendue, tout est immuable, immobile, figé, cristallisé. Les objets sembles être des maquettes de décor, posées çà et là, comme des cubes géométriques, qui auraient perdu toute signification. Les gens évoluent bizarrement. Ils font des gestes, des mouvements qui n’ont pas de sens. Ce sont des fantômes qui circulent dans cette plaine infinie, accablés par la lumière impitoyable de l’électricité. Et moi, j’étais perdue là-dedans, isolée, froide, nue sous la lumière et sans but.” 

 

M.A. Sechehaye “Journal d’une schizophrène”

leonor fini 7 _le choix du silence_ .jpeg

“ J’entendais aussi des voix. C’était parfois un désordre grésillant ou hurlant dans ma tête, comme un baladeur à plein volume que je ne pouvais pas éloigner, quoi que je fasse. Il m'arrivait de me taper la tête contre le mur pour que les coups sourds atténuent un peu ce chaos. Ça aidait parfois, mais pas toujours”

 

Arnhild Lauveng “Demain j’étais folle: un voyage en schizophrénie” 2019

Léonor Fini "Le choix du silence" 1987
Anica Zürn  « Das Leben, ein schlechter Traum » Orakel und Spektakel, V. Buch, Île de Ré,

"Elle doit demander du papier, des crayons à dessin, de l'encre de Chine. Et surtout son électrophone car elle a un besoin urgent d'entendre de la musique forte qui agit comme un narcotique. Elle est pleine de confiance, quelqu'un viendra lui apporter tout ce dont elle a besoin. Elle renonce à quitter sa cellule. Elle veut rester ici jusqu'à son dernier souffle. Elle n'a qu'à regarder la porte pour les voir, les voir aller l'un vers l'autre, et une autre partie de la porte pour le voir marcher lentement, l'un à côté de l'autre, dans un champ inondé de soleil. Elle est toute sauvée et heureuse. Elle va essayer de dessiner, du mieux qu'elle peut, les images qui lui sont apparues sur les murs et sur le sol."​

Unica Zürn “L’homme Jasmin” 1970

Unica Zürn "Das Leben,
ein schlechter Traum" 1964 

Leonora Carrington, 'Down Below,' 1941.jpg

Leonora Carrington, 'Down Below,' 1941

" Fabiau baisse la tête puis la relève, plongeant ses yeux dans les miens. Lucy, qui nous a rejoints, s'accroupit derrière moi, la tête sur mon épaule, m'entoure de ses bras puis nous recouvre tous de ses immense ailes. Nous ne voyons plus rien, mais nous nous sentons si bien. Je m'assois sur les genoux de Lucy et je me colle à lui. Je sens la bouche de Fabiau chercher la mienne dans l'obscurité, ses doigts s'emmêler dans mes cheveux. (...)

 

Marion - et si... et si je n'existais pas, seriez-vous les anges d'une autre ? et s'il y en avait de plus folle que moi, ne seriez-vous pas mieux chez elle ? 

Fabiau - Je ne sais pas de quoi tu veux guérir exactement, mais de nous, tu ne guériras jamais. 

Lucy - Les plus folles que toi n'ont qu'a bien se tenir!

Fabieu - Si tu n'existais pas... nous serions tes anges dans la non-existence. 

Sigrid - Mais pas nous. Si tu n'existais pas, nous n'existerions pas non plus. Nous sommes tes inventions, pas tes anges. "

 

Annick Putters & Marion Whyte "Madame, Lettres d'une schizophrène à sa psy" 2020

Jane Gaverol _Ovide_ 1949.png

Jane Gaverole "Ovide" 1949

“Les règles habituelles de la perspective et des proportions dérapaient, et c’était comme se retrouver dans un tableau de Pablo Picasso ou Salvador Dali - très éprouvant, et perturbant. (…) Je savais que les trottoirs font quinze ou vingt centimètre de haut, pas quinze ou vingt mètres, et qu’on ne meurt pas quand on en descend ; mais ce n’était pas la perception que j’en avais, et même si une partie de moi voyait une chose, une autre en voyait une très différente, et c’était sans cesse plus compliqué de comprendre et de faire le tri.” 

Arnhild Lauveng “Demain j’étais folle: un voyage en schizophrénie” 2019 

Unica Zürn - Oracle and spectacle 1960

“Elle tire les rideaux de la fenêtre, s’allonge sur le divan et, par la porte ouverte de la terrasse, elle regarde les nuages. Très vite ce spectacle la fascine. Il lui semble que pour la première fois de sa vie elle observe enfin les nuages qui, en ce jour, sont d’une grande beauté. Elle est prise d’un délire d’interprétation en même temps qu’elle a des hallucinations. Elle commence à voir dans les nuages des images très précises : tout le passé de l’humanité défile sous ses yeux; tous les peuples du monde qui ont vécu depuis des millénaires apparaissent dans le ciel; qu’il soit permis de voir ce spectacle lui donne le sentiment d’être élue.” 

  

Unica Zürn “L’homme Jasmin” 1970

Unica Zürn "Oracle and Spectacle" 1960

Jane Gaverol _le chant du signe _.jpeg

“Il nous arrive de dire “ je n’en crois pas mes yeux”. Mais c’est ce que nous faisons, même quand ce que nous voyons nous étonne au plus haut point. Nous avons l’habitude de compter sur nos yeux, nos oreilles, et nous considérons habituellement que ce qu’ils nous racontent est créé. Alors que faire quand on voit une chose dont on sait au fond de soi qu’elle ne peut pas être?” 

Arnhild Lauveng “Demain j’étais folle: un voyage en schizophrénie” 2019

Jane Gaverole "Le chant du Cigne"

Leonor Fini, “Love Without Reservations”, 1956.png

“Je fermais les yeux pour échapper à toute cette agitation qui m'environne et dont j’étais le centre. Mais je ne trouvais aucun repos : car des images horribles m'assaillent, si vivantes que j’éprouvais de réelles sensations dans mon corps. Je ne puis pas dire que je voyais réellement des images, ce n’étais pas des représentations. Je les sentais plutôt. Ainsi il me semblait que j’avais la bouche pleine d’oiseaux que je croquais et qui m’étouffaient de leurs plumes, de leurs os broyés et de leurs sang. Ou je voyais des gens que j'enferme dans des boîtes à lait et qui se putréfient, et moi je dévorais ces cadavres pourris. C’était horrible. Ou encore je dévorais la tête d’un chat, qui lui-même me dévorait à l’intérieur.”

M.A. Sechehaye "journal d'une schizophrène” 1950

Leonor Fini, “Love Without Reservations”, 1956

 

bottom of page